jeudi 24 décembre 2009

Qi gong, Karaté et Tao

Qu'est-ce que le Qi gong ?

Dixit Wikipédia:
"Le qi gong, chi gong ou chi kung (litt. : « travail du souffle ») est une pratique méditative chinoise, composée de mouvements physiques lents et d'exercices respiratoires, visant à améliorer la circulation du Qi et la santé du pratiquant. Le qi gong est rattaché à la médecine traditionnelle chinoise et à la tradition taoïste."

La vidéo qui vous est présentée ci-dessous à gauche est extraite du site de l'
"Association Yi Quan des Yvelines" et présente des élèves de ce club en train de commencer une séance de Qi gong par des exercices de détente et d'ondulation.
La vidéo à droite montre M. Franck Léger dans un exercice de relaxation des bras préparant au Mawashido: vous ne pourrez que faire le lien entre les deux.




De fait, d'autres parentés apparaissent entre ces sites comme la présentation du Zhang Zhuang (posture de base pour pratiquer le Qi gong) et le positionnement du bassin et la posture de base pour le Mawashido.

Ces rapprochements qui apparaissent entre le Qi gong et le Mawashido (tout en laissant à chacun ses spécificités) permettent de faire le pont entre le karaté et la tradition taoïste.
Or, s'il est vrai qu'aujourd'hui l'approche sportive ou ludique du karaté en a effacé pour une bonne part, le cadre philosophique et spirituel dans lequel il est apparu, cela ne s'applique pas
(encore) autant aux arts de combat chinois (wushu) ou au Qi gong. A ce titre, un site de club comme celui qui vous est indiqué ici ne peut pas aborder la présentation de son activité sans un dossier sur la vision chinoise de l'homme (page que je vous recommande de lire car présentant de façon simple et claire la conception taoïste de l'homme et du corps) et qui aborde par exemple le concept du Qi (en japonais, Ki) tout aussi commun à un karatéka qu'a un adepte du Qi gong. Il en va de même pour le hara qui reste pour la plupart d'entre nous une vague zone sous le nombril qu'il faudrait sentir et que, faute de mieux on identifiera au bassin.

Approfondir la pensée taoïste permet d'éclairer autrement ou de redécouvrir la plupart des enseignements du karaté, non plus en tant que sport uniquement mais en tant que pratique psychocorporelle visant au développement d'un équilibre intérieur. C'est ce que nous verrons dans les articles à suivre.

dimanche 20 décembre 2009

Mawashido ou l'art des courbes

Désolé pour ce long silence, mais mes dernières recherches ont profondément fait évoluer mon approche du karatédo et il faut du temps pour intégrer tout ce nouvel enseignement. Maintenant que je commence à digérer tout cela, je reviens vers vous pour vous le faire partager. Et je pense que votre patience ne sera pas déçue car il y a plus d'un cadeau dans ma hotte...

Alors, en premier lieu, je vous invite à aller visiter le site de M. Franck Léger et sa présentation du mawashido (ou art des courbes), du travail du hara et autres gardes dynamiques.




Comme l'indique M. Léger lui-même: "Le MAWASHI-RYU KARATE-DO a pour origine le Karaté Shotokan de Maître Gichin Funakoshi. Son objectif est de fournir au pratiquant des explications et des outils techniques lui permettant de progresser dans son art.
Il ne s'agit pas d'un nouveau style, c'est plutôt le complément pédagogique permettant aussi bien au professeur qu'à l'élève d'organiser cours et entraînement en solitaire.
"
Et si vous abordez en effet les enseignements présentés de cette manière, les principes de dynamiques corporelles qui sont explicités sur ce site vont vraisemblablement éclairer votre pratique du karaté. Pour ma part, j'ai découvert en pratiquant quelques exercices de mawashido devant ma glace une fluidité et une facilité dans mes gestes que je ne connaissais pas jusque là.
Le site est très fourni (préparation physique, tactiques de combat, techniques, pédagogie,...) et il y a de quoi y rester plusieurs heures. Vous accrocherez sûrement plus sur certaines explications que sur d'autres. A vous d'aller y piocher ce qui vous intéresse. Je vous conseille quand même les vidéos pour l'approche globale qu'elles donnent du karaté à travers le mawashido et les
webcams qui détaillent chacun des exercices permettant de développer la perception du hara.

Pour résumé, ce site présente au moins trois grands intérêts:
  • la présentation des dynamiques corporelles et leur emploi dans les techniques du karaté,
  • les exercices permettant de sentir le hara et d'en faire l'origine de toute technique,
  • le lien, même s'il n'est pas forcément dit, entre le karaté et les arts de combat interne chinois (comme le tai chi chuan) et plus globalement une approche qui permet de relier les techniques du karaté à la vision taoïste de l'homme et du corps humain. (J'aborderai ce point dans l'article suivant.)
Alors, je vous invite à visiter ce site. A consommer sans modération.

Ren's



dimanche 4 octobre 2009

Du nouveau sur le blog "Le Do dans le Karaté"


Deux nouveautés sur le blog
  1. Vous êtes nombreux à visiter ce site depuis des pays non francophones et vous serez peut-être intéressés à en parler autour de vous à des amis qui ne parlent pas français; aussi vous trouverez en haut de la colonne de droite l'application Google "Traduction" permettant la lecture du blog entier dans 57 langues différentes: n'hésitez plus à en parler autour de vous...
  2. Vous avez des questions à me poser, des précisions sur certains articles (notamment sur les exercices de respiration), vous pouvez m'écrire à présent via le lien "Pour me contacter" sur la colonne de droite juste en-dessous du bloc "sommaire/recherche/traduction".
A bientôt,

Ren's

lundi 28 septembre 2009

L'art d'apprivoiser le buffle


"L'art d'apprivoiser le buffle" est une parabole des étapes de l'éveil dans la culture zen. Chacune de ces étapes est symbolisée par un tableau. Il y a en tout dix tableaux accessibles par ce lien
qui vous présente la version donnée par un grand maître zen du XIIème siècle, Kakouan. (Ce document est issue du site de M. Jean-Yves Leloup.)
Outre le fait que cette lecture peut être un élément supplémentaire pour aider chacun dans sa démarche spirituelle, "l'art d'apprivoiser le buffle" peut apporter un regard nouveau sur les notions de grade dans le Karaté et donner du sens spirituel à ces derniers. On peut chercher un lien entre les dix tableaux et le sens des dan, et également sur la symbolique du retour à la ceinture blanche qui est porté à partir du 5ème dan dans certaines écoles de karaté. Je cite ci-après une version de l'histoire du karaté (Il y en a tellement...) issue d'un site de karaté du courant kyokushin:
"Dans l’histoire du karaté, il n’y avait, au tout début, que des ceintures de couleur blanche. Le maître interdisait à ses élèves de laver leur ceinture. À force d’être portée, elle devenait de plus en plus foncée et ce, jusqu’à devenir noire. À ce stade, l’élève passait un test équivalent aujourd’hui à l’examen de passage de ceinture noire. Après un passage réussi, le maître permettait à l’élève de laver sa ceinture, qui redevenait blanche. Ainsi l’élève revenait aux sources. Il retrouvait une nouvelle pureté, un nouveau potentiel pour apprendre d’autres principes du karaté."
Au delà des querelles de chapelle, chacun des courants du karaté essaie d'exprimer l'esprit du karatédo. C'est ce qui les réunit fondamentalement et la lecture de
"L'art d'apprivoiser le buffle" vous aidera peut-être à ressentir un peu plus le Do dans le karaté.

Bonne lecture.

mercredi 16 septembre 2009

La pédagogie de la répétition



L'enseignement au karaté s'appuie pour une grande part sur la répétition inlassable des techniques.
Cette pédagogie de la répétition se retrouve dans tous les arts martiaux bushido. Elle incarne en soi l'esprit du Do. Le maître zen Shunryu Suzuki (photo ci-dessus) consacre un article entier à la répétition: "Si vous perdez l'esprit de répétition, cela deviendra difficile." et de rajouter : "La vraie pratique consiste à recommencer sans cesse jusqu'à ce que nous ayons trouvé (...). Notre voie consiste simplement à pratiquer (...)."
Cette répétition peut user la motivation surtout lorsqu'on ne perçoit aucune avancée personnelle. M. Herrigel décrit ce moment où le désir même d'apprendre s'étiole: "Plusieurs semaines s'écoulèrent sans que j'eusse marqué le moindre progrès. Je constatai par contre que cela ne me touchait aucunement. L'art tout entier m'était-il donc devenu indifférent? L'apprendre ou ne pas l'apprendre, découvrir ou ne pas découvrir ce que le Maître entend par ce "quelque chose", trouver ou ne pas trouver l'accès du Zen, tout cela me faisait subitement l'effet de s'être éloigné de moi, de m'être devenu si indiférrent que je ne m'y attardais plus. Je me proposai plus d'une fois de m'en ouvrir au Maître mais dès que je me trouvais devant lui, je perdais tout courage; j'étais persuadé que l'unique réponse que j'obtiendrai de lui serait cette objection ressassée: "N'interrogez pas, entraînez-vous!". Je renonçais donc à l'interroger et, si le Maître ne m'eût retenu d'une emprise aussi inexorable, j'eusse volontiers aussi renoncé aux exercices. Atone, je passais d'un jour à l'autre, exécutant tant bien que mal ma tâche professionnelle et je ne m'affectais même plus de constater mon indifférence devant tout ce à quoi durant des années je m'étais donné avec persévérance."

Ce point fait apparaître l'unicité entre les arts martiaux et le travail spirituel dans le Do car pratiquer un art martial est en soi une activité qui développe "l'esprit juste", sans idée d'acquisition, appliqué dans l'instant présent.
"Nous disons que votre pratique devrait être sans esprit d'acquisition, sans aucune attente, même celle de l'illumination." explique Maître Suzuki." Quand vous abandonnez, quand vous avez cessé de vouloir quelque chose, ou que vous n'essayez pas de faire quelque chose de spécial, alors vous faites quelque chose. Lorsque votre activité ne comporte pas l'idée d'acquisition, alors vous faites quelque chose. (...) Si vous continuez chaque jour cette pratique, vous obtiendrez une puissance merveilleuse. (...) Il suffit d'être sincère et de donner tout son effort à chaque instant."
Ainsi la répétition est un double outil pédagogique qui permet d'acquérir la technique juste par imitation du geste du maître et l'esprit juste. La volonté s'émousse et perd sa motivation dans la répétition pour se délier petit à petit de l'idée d'acquisition. C'est un travail lent, imperceptible, qui se révèle dans la durée.

En ce début d'année scolaire, je vous souhaite une très belle reprise dans vos cours de karaté et vous laisse avec les encouragements du maître Suzuki:
"Dans le brouillard, vous ne savez pas que vous commencez à être mouillé, mais, tout en marchant, vous êtes peu à peu mouillé. Si vous avez à l'esprit des idées de progrès, vous direz peut-être: "Oh, cette allure est insupportable!" En fait, elle ne l'est pas. Quand vous êtes mouillé par le brouillard, il est très difficile de se sécher. Inutile, donc, de vous inquiéter du progrès."

mardi 21 juillet 2009

Le salut comme pratique de la Voie


Le salut au Karaté est très codifié et répond à une étiquette stricte. Pour un descriptif précis de cette action qui démarre et clôture nos cours, je vous laisse lire la présentation ici.
Ce rituel peut paraître vide de sens et très souvent le salut est effectué par automatisme, avec une vague déférence à la culture japonaise et ses mystères. Néanmoins, (et au-delà même des traditions sociales asiatiques) dans la pratique bouddhiste et notamment dans le zen, la "prosternation" est un exercice spirituel en tant que tel, bien loin de l'idée de déférence ou d'
abaissement voire d'asservissement auquel on peut associer cette action: "se prosterner est une pratique sérieuse", comme nous l'explique ci-après Shunryu Suzuki.
"En nous prosternant, nous nous abandonnons. Nous abandonner signifie abandonner nos idées dualistes. (...) D'habitude, se prosterner signifie présenter ses respects à ce qui est plus digne de respect que soi-même. Mais quand vous vous prosternez devant Bouddha, vous ne devriez avoir aucune idée de Bouddha, vous devenez simplement un avec Bouddha (...). Quand vous devenez un avec Bouddha, un avec tout ce qui existe, vous trouvez la vraie signification de votre être. (...)
Quand tout existe à l'intérieur de votre esprit vaste, toutes les relations dualistes disparaissent. (...) Dans votre esprit vaste, tout a la même valeur. (...)
Quand vous n'êtes que vous-même, vous vous prosternez devant vous-même au vrai sens et vous faites un avec tout. (...)
Prosternez-vous dans cet esprit, et tous les préceptes, tous les enseignements seront à vous, et vous possédez tout dans votre vaste esprit."



samedi 14 mars 2009

La respiration pour unifier l'esprit et l'énergie


Afin de mieux comprendre comment la respiration est un moyen d'exercer l'esprit et de ressentir l'énergie que l'on porte en soi, voici quelques extraits du livre "Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc" qui sont très explicites et qui, mis bout à bout, permettront de saisir un peu mieux la sensation qui peut se dégager en pratiquant ces exercices. Ici, ils se rapportent à la pratique du kyudo (l'art du Tir à l'arc japonais), mais je ne pense pas qu'il soit trop difficile de faire des ponts avec la pratique du karaté.

"(...) enfin je comprenais le sens de l'expression bander son arc en "esprit". (...) Il ne s'agissait nullement d'un procédé technique que, vainement, j'avais essayé de découvrir mais tout uniquement de trouver dans la respiration de nouvelles possibilités de libération."

"Le maître nous dit un jour: "L'acte de l'inspiration lie et réunit, tout ce qui est convenable s'accomplit tandis qu'on retient le souffle: l'expiration, elle, délivre et parfait, en triomphant de toute limitation."

"En respirant ainsi, vous découvrirez de plus le principe de toute force spirituelle, et plus vous serez décontracté, plus vous constaterez que cette source ruissellera dans tous vos membres."


Il apparaît bien une unité profonde entre les différents arts du bushido, quels qu'ils soient. La respiration en est un des éléments clés, non seulement pour ressentir sa propre énergie et la déployer mais aussi pour permettre à l'esprit d'atteindre l'état de détachement nécessaire pour exécuter avec justesse le geste.

" Si l'on veut obtenir un départ convenable du coup, il faut ajouter maintenant à la décontraction physique une détente de l'esprit et de toute l'âme, en vue de rendre l'esprit non seulement mobile mais libre(...). C'est en se retranchant de toutes connexions, quelles qu'elles soient, en se dépersonnalisant de fond en comble, que l'âme abîmée en soi se montre en la toute puissance de son origine indicible.
Ce n'est pas par la volonté de se détourner énergiquement qu'on peut satisfaire le mieux à l'exigence de fermer la porte des sens, mais plutôt par une disposition à céder sans résistance. Mais, pour que réussisse d'instinct ce comportement passif, il faut à l'âme une armature interne; elle l'acquiert en se concentrant sur l'acte respiratoire.(...)
Le résultat de cet exercice ne se fait pas attendre. Car plus intensément l'on se concentre sur l'acte respiratoire, plus s'atténuent les excitations venues de l'extérieur. Elles s'engloutissent dans un vague murmure, auquel on commence par ne plus prêter qu'à demi l'oreille, pour n'en être finalement pas plus troublé que ne l'est celui qui est habitué au murmure de l'océan. (...) Que le corps soit debout, assis ou couché, il suffit de veiller à le tenir détendu au maximum, et si l'on se concentre alors sur l'acte respiratoire, on se retrouve bientôt comme isolé par des enveloppes imperméables."

La concentration sur l'acte respiratoire est donc un exercice essentiel, réel et abouti dans la pratique du Do à travers le tir à l'arc. A nous de l'appliquer à la pratique du karaté.

samedi 28 février 2009

Le dojo, lieu de la vacuité


Sengai Gibon, The Circle, Triangle, and Square,
Edo period, early 19th century, Ink on paper


La recherche spirituelle à travers la pratique d'un art martial s'exerce aussi dans la manière d'aborder le lieu de la pratique: le dojo. Littéralement, il signifie "lieu où l'on pratique la voie". Pour respecter l'esprit de la Voie, il serait plus juste de désigner le "dojo" comme "un lieu qui prédispose pour pratiquer la Voie" car, en soi, tout lieu est le lieu de la Voie:

Traité de Bodhidharma: Le lieu de l'éveil
Question: "Où se trouve le lieu de l'éveil?"
Réponse: "
Le lieu où l'on marche est le lieu de l'éveil, le lieu où l'on est couché est le lieu de l'éveil, le lieu où l'on est assis est le lieu de l'éveil, le lieu où l'on se tient debout est le lieu de l'éveil. Lever ou abaisser le pied, tout cela constitue le lieu de l'éveil."

Le dojo est un lieu préparé en ce sens qu'il intègre une symbolique, un code, dans sa conception, susceptible d'amener l'esprit un peu plus dans une pratique juste de la Voie. Ici, un article expliquant quelques-unes de ces règles.

Un autre aspect symbolique est le tatami avec la délimitation de la zone d'exercice par un contour de couleur dessinant un carré. Le carré vide symbolise la vacuité, c'est-à dire l'état naturel que tout pratiquant de la Voie cherche constamment à retrouver. "Nous disons que la véritable existence vient de la vacuité et retourne à la vacuité. Ce qui surgit de la vacuité est la véritable existence. Nous devons passer par la porte de la vacuité. (...) Nous disons que la vraie compréhension surgira de la vacuité. Quand vous étudiez le bouddhisme, vous devriez faire un nettoyage à fond de votre esprit. (Esprit zen, esprit neuf; Shunryu Suzuki)

Cette symbolique du carré se retrouve dans le "livre de la cour jaune", classique taoïste des IVe-Ve siècles, dont voici un extrait de l'introduction:

La Cour Jaune
"La cour est cet espace vide qui s'étend entre les bâtiments disposés sur ses quatre côtés (...) : la cour est un humble vide. Quant à sa couleur, le jaune, c'est la couleur symbolique de l'élément terre, lequel se trouve au centre des quatre éléments primordiaux. La Cour Jaune désigne donc un vide central, le vide central de toute chose."

Ainsi, rentrer sur le tatami est un acte également de l'esprit qui, en pénétrant dans cet espace symbolique entre dans un travail de défrichage.
Si l'on conçoit ainsi cet espace, le salut plein de déférence qui doit être effectué en entrant et en sortant du tatami devient naturel et simple, et perd toute la rigidité qui peut être associée à un rituel dénué de sens.

jeudi 15 janvier 2009

Exercice 5 : Fondement et mobilité

Une fois les sensations au niveau du fondement et du bas-ventre en place, il est possible de décharger l'esprit d'une partie de son activité consciente et de la transférer sur un foyer d'énergie. Voici un exercice vous permettant d'y arriver: Position hachiji-dachi, dans un endroit calme, les yeux fermés,
- Respiration de premier niveau en place (conscience des 4 temps et des intentions associées, point de tension en-dessous du sternum).
- Tensions atténuées par l'exercice de la vague,
- Sensations des foyers 1et 2 en place,

- Ouvrir les yeux et choisir un point de la pièce où on veut aller,
- En position de force, se concentrer sur le fondement et sentir qu'il est à même de diriger vos pas,
- Continuer les cycles de respiration jusqu'à sentir le fondement prêt et s'arrêter sur la position de force,
- Sur l'expir, laisser le fondement piloter le déplacement jusqu'à ce point,
- De ce point, en choisir un autre et renouveler l'expérience,

A terme, vous devez pouvoir vous déplacer l'esprit dégagé du contrôle du déplacement: l'action du déplacement et son contrôle sont assumés par le foyer du fondement.

Une fois la sensation acquise, développer l'exercice en effectuant les déplacements propres au karaté (en position kokutsu, zenkutsu, kibadachi,...)

lundi 12 janvier 2009

dimanche 11 janvier 2009

Exercice 4 : Respirer par en-bas

Maintenant que votre respiration est en place et que les tensions ont diminué (voire disparu), vous pouvez aller à la rencontre de vos "foyers d'énergie".
Pour rester simple, on peut dire que le foyer d'énergie est une sensation (qui peut être une sensation physique dans une zone du corps ou une sensation de chaleur, ...). Une fois qu'on le sent, on pourra orienter son esprit dessus et décharger une partie de son occupation mentale.

Voici l'exercice:

Tout d'abord, on repasse par les étapes précédentes (comme toujours),
- Position hachiji-dachi, dans un endroit calme, les yeux fermés,
- Respiration de premier niveau en place (conscience des 4 temps et des intentions associées, point de tension en-dessous du sternum).
- Tensions atténuées par l'exercice de la vague, puis,

- Inspirer en imaginant que l'air (ou l'énergie) rentre dans votre abdomen par en-bas (ou, si vous préférez par votre entrejambe) - ce qu'on appelle ici et dans les exercices suivants le fondement,
- Bien sentir tout au long de l'inspir que l''énergie se stocke dans l'abdomen (donc sous le sternum)
- En position de force, fixer la sensation,
- Expirer sur le même principe, en évacuant l'énergie (ou l'air) par en-bas,
- Sur la position d'écoute, se préparer à reprendre l'air par en-bas

Au bout de quelques fois, les sensations se fixeront naturellement. Il est possible alors de donner une intention à chaque temps:
- Sur l'inspir, sentir l'énergie autour de soi qui monte du sol, entre en vous par le fondement et se positionne dans le bas-ventre,
- En position de force, sentir l'énergie accumulée dans le bas-ventre et sentir le fondement comme la porte par laquelle l'énergie va sortir,
- Sur l'expir, donner l'énergie au sol en la faisant passer par la porte du fondement,
- En position d'écoute, sentir la porte du fondement prête à recevoir l'énergie du sol.

Vous venez de rencontrer vos deux premiers foyers d'énergie : le fondement et le bas-ventre. En pratiquant un petit peu, ne serait-ce que deux fois par semaine, les sensations vont se fixer et, à terme, vous les sentirez quasiment dans l'instant, à la demande, voire parfois de façon inopinée (dans son lit avant de s'endormir par exemple).

A présent, oublier les notions d'inspir et d'expir pour ne se concentrer que sur le dialogue: je reçois l'énergie du sol, je donne mon énergie au sol.
La respiration doit garder sa stabilité et les sensations du fondement et du bas-ventre doivent rester sans avoir à porter son attention dessus.

Dans le prochain exercice, nous découvrirons comment se servir concrètement de ces sensations que représentent les foyers d'énergie du fondement et du bas-ventre.

samedi 10 janvier 2009

Une leçon de Sensei Nishiyama (1)

Sensei Nishiyama était un des derniers grands maîtres du karatédo. Il est décédé en novembre dernier.
Il s'agit ici de la première partie d'une vidéo sur une session effectué à Paris par Sensei Nishiyama.
D'autres vidéos de ce maître arriveront dans cette rubrique.



Voir la fin de la vidéo

vendredi 9 janvier 2009

Où mène la Voie?

S'il y a bien une question qu'on est en droit de se poser quand on aborde le Do, c'est celle-là!
Répondre à cette question revient à expliquer ce qu'est le Bouddhisme ou le Taoisme, qui tous deux parlent de ce concept, la Voie. Je me garderai bien de m'y coller.
Donc, pour qui veut approfondir la question, il est toujours possible de se familiariser avec ces deux courants de pensée à travers quelques lectures.

Il existe beaucoup de livres à ce propos. On peut les classer en plusieurs catégories:

1- Les textes fondateurs
Pour le Tao, il y a le Tao-töking de Lao-tseu (mais il y en a d'autres comme le Livre de la Cour Jaune).
Pour le Bouddhisme zen, il y a, entre autres, le "Traité de Boddhidharma".
Mais ces textes peuvent sembler assez hermétiques (voire très hermétiques). Ils sont parfois difficiles d'accès car ils n'expliquent pas la démarche, ils sont l'expression directe de la démarche.

Exemple: Huang Po (IXème siècle)
L'esprit est le Bouddha
L'arrêt de la pensée conceptuelle est la Voie


C'est pas gagné!!!
Donc,

2-Les textes des maîtres modernes
Ils sont écrits pour des esprits d'aujourd'hui et on s'y retrouve mieux.
A mon avis, il y a un incontournable:
Esprit zen, esprit neuf de Shunryu Suzuki, collection Sagesse aux Editions Points
Ses explications sont toujours simples, prises dans le quotidien, avec une ouverture d'esprit pleine d'humanité et d'humilité.

3-Les ouvrages relatant l'expérience de la Voie
Un ouvrage très intéressant Le zen dans l'Art chevaleresque du tir à l'arc de E. Herrigel aux éditions Dervy
Il relate l'initiation au kyudo (le fameux art chevaleresque du tir à l'arc au Japon) d'un allemand au Japon et montre toutes les interrogations qu'un esprit occidental se pose, confronté à cette pensée si différente de notre culture.
C'est simple à lire, pas du tout intello, bref, à lire.

4-Les livres pédagogiques, type "que sais-je?"
On en trouve facilement dans les rayons "spiritualités " des librairies. Un parmi d'autres qui m'a semblé simple et clair: Comprendre le Bouddhisme de Dennis Gira en Livre de Poche.
Il est porté sur le bouddhisme plus généralement mais il donne une bonne culture et compréhension de ce courant de pensée.

5-Les livres pour enfant
Ils sont souvent tout aussi exhaustif et bien plus pédagogiques que les livres "sérieux". Un en particulier, Les Arts martiaux pour les chats de C. Gaudin. Il en a écrit d'autres.
Pour s'initier, cela me semble le premier pas le plus facile et le plus captivant.

6- Ze Manga sur le Zen
Impossible de passer à côté de ce monument du manga qu'est
Ikkyu de Hisashi Sakaguchi aux éditions le Glénat
Le dessin, l'histoire de ce maître zen espiègle et libertaire, la présentation de l'histoire et de la société japonaise médiévale, l'abord de la pensée zen et son souffle présent dans chaque détail, tout est génial!!!

Voilà quelques pistes pour ceux qui voudraient approfondir la question.

Un site à recommander

www.karate-traditionnel.fr.st


Pour ma part, c'est mon site préféré. Il est simple, complet et Johnny est un prof remarquable par la simplicité, la justesse et la portée de ses explications.
Je vous recommande en particulier ces "vidéos à télécharger", notamment Quelques principes en vrac, filmé dans mon salon : tout est dit sur la simplicité, tant dans la forme (un camescope dans le salon et on y va) que dans le fond (on va tout de suite sur des notions essentielles et qui ne sont pas forcément abordées dans beaucoup d'écoles).

Un dernier point, si vous allez dans le forum technique (rubrique "le Do dans le Karaté"), vous y trouverez peut-être des notes qui ressemblent furieusement aux premiers articles de ce blog. En fait, c'est en participant à ce forum que l'idée de le créer est venue.

Bonne visite

Introduction

Tous les exercices qui sont présentés dans cette rubrique visent à découvrir puis à maîtriser son énergie (ou la sensation d'énergie) afin de progresser dans sa technique et dans son esprit.
A l'origine, ce sont des exercices de respiration que j'ai mis en place pour le travail de comédiens en m'appuyant sur ma formation au chant classique, mais en découvrant le karaté, je me suis aperçu que ce travail avait une application directe dans la pratique de celui-ci.

Dans la vidéo "Une leçon de Sensei Nishiyama (1)", ce dernier explique ce qu'il appelle "la connexion interne" :
"Il est très important de ne pas commander aux bras ou aux pieds mais de commander au centre de contrôle interne. Il faut ressentir ce centre de contrôle interne d'où partent toutes les techniques.(..) L'important, c'est de contrôler l'ensemble du corps et d'avoir une connexion à partir du sol : cela se réalise à travers le souffle."

Les exercices qui sont présentés dans cette rubrique pourront être une pratique vous permettant de sentir physiquement et mentalement ce "centre de contrôle" et les connexions qu'il entretient avec le sol et le corps par la respiration.

Exercice 3 : Supprimer les tensions

Une fois que vous vous êtes familiarisé avec ce premier niveau de maîtrise de la respiration, vous êtes prêt pour le "grand voyage mystique"... Plus prosaïquement, vous allez pouvoir associer à votre respiration des intentions qui vont avoir à la fois un effet sur le ressenti de votre corps et sur votre esprit.

Qu'est-ce qu'on fait avant d'aller manger? On va se laver les mains!
Et bien là, c'est pareil. La première étape va consister à "se laver la tête et les jambes", ou si vous préférez, à enlever au maximum les tensions psychiques et physiques.

Pour démarrer, toujours la même base:
- position hachiji-dachi, dans un endroit calme, les yeux fermés,
- respiration de premier niveau en place (conscience des 4 temps et des intentions associées, point de tension en-dessous du sternum).

Une fois que vous êtes bien dans votre respiration, vous allez imaginez que l'énergie que vous recevez pendant l'inspir provient du sol, monte par les jambes jusqu'au-sommet du crâne puis redescend avec l'expir jusqu'au sol.
Vous devez sentir comme une onde qui monte tout au long de votre corps et redescend.
Vous avez déjà vu peut-être les vagues s'échouer sur la plage: elles montent le long du sable, restent un instant en suspens et refluent. Cela fait un ballet lent, majestueux et qui lisse tous les reliefs dans le sable pour laisser derrière une plage vierge de toute trace.

Pour bien réaliser cet exercice, vous pouvez prendre mentalement cette image: sentir une vague glisser sur votre corps jusqu'au-dessus de la fontanelle (sommet du crâne) puis refluer en vous lavant de toutes vos tensions.

C'est un exercice très relaxant et qui procure des sensations très douces et apaisantes. Tant que chaque cycle de respiration vous apporte une sensation de détente supplémentaire, n'hésitez pas à continuer.

Par la suite, si je dois rappeler cet exercice, je parlerai de l'exercice de la vague.

Bonne pratique

Exercice 2: Le point de tension

Inspirez au maximum et très vite puis bloquez votre respiration.
Que se passe-t-il?
Vous avez gonflé votre torse, monté les épaules et vous allez vraisemblablement sentir une tension au niveau de la gorge: C'est le point de tension!
Maintenant, reprenez votre respiration normale et essayez de sentir au cours de votre inspiration s'il n'y a pas un point de tension qui traîne quelque part. Vous allez sentir qu'il monte au fur et à mesure de l'inspir du bas du ventre jusqu'à la gorge puis qu'il descend sur l'expir pour revenir au bas du ventre. Si vous avez des problèmes pour bien le sentir, il vous suffit de forcer un peu l'inspiration et aspirer plus d'air que nécessaire.

Une fois qu'on arrive à bien sentir le point de tension, il n'y a plus qu'une règle à suivre: ne jamais faire monter son point de tension au-dessus du diaphragme. Il ne doit jamais aller au-dessus de la limite entre le ventre et le sternum, quelle que soit la quantité d'air que vous prenez.

Voici un exercice pour vous familiariser avec cette sensation.

* * *

Reprenons l'exercice de la leçon 1

- Choisir un endroit calme (votre chambre, la cuisine,...)
- Se mettre debout, les talons séparés approximativement distants de la largeur des hanches, pieds ouverts naturellement (position Hachiji-Dachi)
- Fermer les yeux et se décontracter
- Réaliser des cycles de respiration en se rappelant les 4 temps de la respiration et porter son attention sur le point de tension
- Sur l'inspir, avec l'intention qui y est associée, contrôler le point de tension en le freinant dans sa montée pour qu'il n'aille pas au-dessus du diaphragme,
- Continuer le cycle en se concentrant sur les intentions associées à chaque temps.

Au bout de quelques minutes, vous allez sentir que, sur chaque inspir, vous poussez vers le bas du ventre pour laisser le point de tension au-dessous du sternum: c'est votre ventre qui travaille. Vous venez d'acquérir ce que certains appellent la respiration abdominale ou par le ventre. C'est la base d'une respiration maîtrisée.

Dorénavant, lorsque vous exercerez votre respiration, vous devrez pratiquer et maîtriser simultanément les deux exercices (les intentions sur les 4 temps de la respiration et la maîtrise en-dessous du sternum du point de tension.
Maîtriser cet ensemble est le premier niveau de la maîtrise de son énergie.

Bon exercice et faites part de vos commentaires.

Exercice 1 : les 4 temps de la respiration

Préalable: La leçon 1 et la leçon 2 sont indissociables car elles donnent les deux éléments de base pour commencer à travailler sur la respiration: sentir les 4 temps de la respiration et leur donner un sens, sentir et maîtriser le point de tension. Aussi pour passer aux étapes suivantes, il est nécessaire de bien maîtriser les 2 premières leçons, et, en règle générale, quels que soient les exercices suivants, il faudra toujours s'assurer que ces deux points sont bien en place.

La respiration est un cycle qui se décompose en quatre temps:
1- L'inspiration, les poumons se gonflent d'air sous l'action du diaphragme (muscle séparant les poumons des viscères);
2- A la fin de l'inspiration, il y a un temps de suspension précédent l'expiration que nous appellerons "position de force" (ce temps peut être prolongé lorsqu'on est en apnée, mais pas trop longtemps quand même...);
3- L'expiration, l'air est expulsé des poumons, sous l'action inverse du diaphragme;
4- A la fin de l'expiration, il y a également un temps de suspension finissant le cycle avant une nouvelle inspiration et nous l'appellerons "position d'écoute".

En résumé, il y a deux temps d'action (inspiration et expiration) séparés par deux temps de suspension (position de force et position d'écoute).

L'exercice qui est proposé ci-après permet de faire l'expérience de ces 4 temps et de leur donner un sens pour l'esprit.

* * *

Les quatre temps de la respiration

- Choisir un endroit calme (votre chambre, la cuisine,...)
- Se mettre debout, les talons séparés approximativement distants de la largeur des hanches, pieds ouverts naturellement (position Hachiji-Dachi)
- Fermer les yeux et se décontracter
- Réaliser un premier cycle de respiration en fixant les sensations pendant les deux temps de suspension (position de force puis position d'écoute) auxquels en règle générale, on ne prête pas attention
- Renouveler l'expérience en essayant d'avoir des inspirations toujours un peu plus profondes et des temps de suspension un peu plus long sans jamais avoir la sensation de forcer

Ça y est ! Vous sentez naturellement les 4 temps; votre respiration est calme et posée. On peut passer à la deuxième étape: donner une intention à chaque temps.

L'inspiration:

C'est le moment où vous prenez l'énergie de votre environnement et l'accumulez dans votre être. Sur chaque inspir, vous imaginez et sentez cette énergie rentrer en vous. Si vous le souhaitez, vous pouvez la visualiser sous la forme d'une lumière qui devient un foyer d'énergie en votre sein. Vous êtes en harmonie avec votre environnement; il vous apporte toute l'énergie dont vous avez besoin et vous sentez que cette source est inépuisable.

La position de force
Vous avez accumulé toute l'énergie dont vous avez besoin. Vous vous sentez plein de cette énergie et au mieux de vos possibilités. Vous sentez que vous vous dominez et que vous contrôlez votre situation et votre environnement proche, que vous êtes dans une position surélevée. Vous vous sentez prêt à agir.

L'expiration
Vous donnez l'énergie qui est en vous à votre environnement. Tout ce qui vous entoure reçoit cette énergie. Vous êtes dans le don complet de votre énergie. Vous exprimez toute votre générosité: vous offrez au mieux de votre intention ce que vous avez en vous. Si vous le souhaitez, vous pouvez visualiser votre foyer de lumière se répandre autour de vous. Vous donnez autant que vous avez reçu.

La position d'écoute
Vous avez donné l'énergie que vous pouviez. Vous vous sentez en retrait comme au fond d'une grotte. Votre perception de votre être et de votre environnement est claire, légère et pleine d'acuité. Vous êtes prêt à recueillir de nouveau toute l'énergie de votre environnement.

Maintenant que, pour vous, chaque temps de la respiration est porté par une sensation, un sens, vous pouvez recommencer les cycles de respiration du premier exercice en y associant ces intentions.

* * *

Peu à peu, votre respiration doit se ralentir. En général, on n'a plus besoin que de 2 ou 3 cycles par minute (au lieu de 6 ou 7). Ce ralentissement doit se faire sans forcer. Le but n'est pas de ralentir sa respiration mais de se sentir bien dans chaque temps du cycle. Le ralentissement en est une conséquence.
Vous venez de retrouver votre respiration naturelle, celle que vous voyez chez quelqu'un qui dort.
C'est un exercice très relaxant que vous pouvez pratiquer sans modération. Un seul avertissement: cet exercice oxygène plus qu'à son habitude le métabolisme et, chez certaines personnes, cela peut provoquer des étourdissements ou des vertiges. Ils cesseront avec une pratique régulière et indique combien on peut être, au quotidien, sous-oxygéné par une respiration contrainte.

Une porte pour entrer dans la Voie: la respiration

La respiration est une des activités les plus basiques et essentielles de notre vie. De fait, exercer sa respiration ou son niveau de conscience par le contrôle de la respiration est un exercice que l'on retrouve dans une grande partie des courants spirituels venant d'Asie. Bien évidemment , on pense au yoga mais c'est également le cas dans le zen.
Voici ce que dit Shunryu Suzuki à propos de la respiration dans zazen (méditation assise):
Lorsque nous pratiquons zazen, notre esprit suit toujours notre respiration. Quand nous respirons, l'air vient dans le monde intérieur. Quand nous expirons, l'air va dans le monde extérieur. Le monde intérieur est illimité, et le monde extérieur est illimité aussi. Nous disons "monde intérieur" ou "monde extérieur", mais, en fait, il n'y a qu'un seul monde total. Dans ce monde illimité, notre gorge est comme une porte battante. L'air entre et sort comme quelqu'un qui franchit une porte battante.(...)Ainsi, quand nous faisons zazen, rien d'autre n'existe que le mouvement de la respiration, mais nous sommes conscients de ce mouvement. Vous ne devriez pas être distrait. Cependant, être conscient du mouvement ne signifie pas être conscient de votre petit moi, mais plutôt de votre nature universelle, ou nature de Bouddha. Cette sorte de conscience est très importante, tellement notre perception habituelle est subjective.

Pour ma part, ayant fait du chant classique et formant des comédiens, je pratique depuis plusieurs années des exercices de respiration sur moi-même ou des élèves. Dans cette rubrique, je ferai part de certains exercices qui présentent un intérêt direct dans la pratique du karatédo.

A propos du créateur de ce blog

Dans le premier article, j'ai expliqué les raisons qui sont à l'origine de ce blog.
Je dois également présenté l'esprit que je souhaite lui insuffler.
Il n'est pas question pour moi de me présenter comme un maître du karaté et on va mettre les choses tout de suite au point: je pratique le karaté depuis un peu plus d'un an et suis ceinture orange.
Mon niveau de maîtrise avancera au rythme où il doit avancer. Ce qui m'importe, c'est que chaque cours soit vécu comme une expérience spirituelle au niveau où je suis aujourd'hui et parmi mes camarades karateka qui n'ont pas spécialement la préoccupation du Do dans leur pratique du karaté.
Je tenterai donc d'expliquer en quoi consiste cette expérience spirituelle et quels sont les exercices que je réalise en dehors des cours pour développer cette approche.
Dernier point et le plus important: vu mon niveau, j'espère bien que cela incitera tous les karatekas qui le souhaitent et de tous les niveaux à participer et à apporter leurs commentaires et leurs expériences du Do dans le karaté.

Cordialement

En quoi le Karaté est-il une Voie?

Comme tous les arts martiaux venus du Japon, le karaté se rattache (via le Budo) au Bushido "l'art du guerrier" qui est lui-même profondément imprégné du bouddhisme zen, courant spirituel introduit au Japon au VIème siècle et qui connut un essor national majeur à partir du XIIème siècle.

C'est un peu du jargon, donc je vous invite à faire un petit tour chez Wikipedia par exemple pour vous familiariser avec ces notions.

Comme toutes les autres formes du bouddhisme, le bouddhisme zen vise à libérer l'individu et à atteindre l'éveil spirituel. Pour simplifier à l'extrême, on peut dire qu'il s'agit de vivre l'instant présent en parfaite harmonie avec soi-même et son environnement, en se libérant de ses peurs existentielles (la peur du manque matériel, la peur de la souffrance et avant tout, la peur de la mort). (Je n'irai pas plus loin et vous invite à lire un des ouvrages proposés dans la rubrique "Livre".)

Une des règles du bouddhisme zen, c'est qu'il faut pratiquer. L'Eveil n'est pas une élucubration intellectuelle; c'est une chose très simple et concrète qui se réalise dans la pratique.
De fait, toute activité humaine peut être pratiquée avec "l'esprit de la Voie".
C'est ainsi que le bouddhisme zen a conçu la pratique de la Voie à travers des activités aussi quotidiennes que la calligraphie, la conception d'un bouquet de fleur ou la manière de préparer du thé...
Et cette conception de la pratique s'applique évidemment aux activités guerrières: l'art du sabre (kendo), l'art du tir à l'arc (kyudo) ou celui de la main vide - ou combat à main nue (karaté).

Pour finir et pour illustrer simplement le lien entre le karaté et la pratique de la Voie, voici un extrait d'un cours donné par un maître zen (Shunryu Suzuki):
Quand vous faites quelque chose, si vous fixez votre esprit sur l'activité avec une certaine confiance, la qualité de votre état d'esprit est l'activité elle-même. Quand vous êtes concentré sur la qualité de votre être, vous êtes prêt pour l'activité.
N'est-ce pas ce que nos professeurs de karaté essaient de nous enseigner à chaque cours?

Pourquoi un blog sur le Do dans le Karaté?

Je suis venu au karaté après avoir beaucoup lu sur le Zen : la pensée qui y est exprimée m’attirait beaucoup. J’ai été à la rencontre de Dojo zen pour pratiquer zazen (la méditation assise): cela a donné des expériences très douloureuses surtout pour mes genoux…mais en fait je dois reconnaître que je ne me sens pas encore prêt pour pratiquer zazen.
J’ai donc arrêté, mais voilà : pas de zen sans pratique !
Je me suis tourné vers les arts martiaux : en premier le kendo, le cours ne m’a pas branché ; puis le karaté, et cela a été la rencontre.
En fait, je ne peux pas dissocier les deux car tout dans le karaté me relie à ce que je cherche dans le zen.

A travers ce blog, je souhaite faire partager cette expérience du karaté parce que c’est un aspect qui peut attirer:
- ceux qui s’intéressent au zen et cherche une pratique,
- ceux qui, en pratiquant le karaté, cherche une voie sans pour autant pouvoir l’exprimer clairement.

Je présenterai dans les notes à venir des points précis qui participeront à montrer les liens multiples entre le karaté et une recherche spirituelle et en quoi la pratique de l'un entraîne également la pratique de l'autre (et réciproquement).
J’aimerais que le partage de cette approche soit stimulante et que d’autres nous apportent leurs expériences du Do dans le Karaté.

Cordialement,

Ren's