vendredi 9 juillet 2010

Interview de M. Franck LEGER





M. Franck Léger est le créateur du Mawashi-Ryu Karaté-Do, l'art du Hara et de Mawashi-Kamae . Le Do dans le Karaté vous a déjà présenté son site ici et les richesses qu'il contient. M. Léger est une personne très accessible, toujours disponible pour vous rencontrer ou répondre à vos questions. Alors nous en avons profité pour lui en poser quelques-unes.

Le Do dans le Karaté:
M. Léger, vous vous présentez comme un chercheur en karaté. Qu'entendez-vous par "chercheur"?

F.L.: Chaque karatéka essaie de varier un geste, de sentir un mouvement autrement... Beaucoup de pratiquants ont senti qu’un mouvement particulier passe mieux en utilisant une courbe ou comment utiliser leur ventre sur une technique particulière mais ils n’ont pas cherché plus loin dans la majorité des cas.

Un chercheur, dans le sens que je donne à ce terme, a une approche systématique. Cela signifie qu'il suit une méthodologie précise (et si possible exhaustive) qui, dans mon cas, s'applique en deux temps.
En premier lieu, il y a un travail d'analyse systématique portant sur tous les aspects du karaté,
tout d'abord au travers du Bunkai de 15 kata, ce qui implique l'étude de la stratégie et de la tactique. Cette phase de recherche peut amener à remettre en cause la technique si nécessaire, dans le but de l'améliorer (pourquoi telle posture, tel geste ou tel enchaînement doit-il se faire de telle manière. Qu'est-ce qui va le rendre plus rapide, puissant, efficace ?...).
C'est un travail de fond essentiel car à force de s'interroger sur le moindre aspect des kata on en dégage des "clés" (principes) qui quelque fois se dissimule dans un autre kata que celui dont on étudie le bunkai (c'est pour cela que l'on doit étudier plusieurs kata simultanément). On se dirige alors vers ce qui unit telle technique à telle autre ou tel enchaînement à la tactique ou à la stratégie...

Ensuite, débute la deuxième partie du travail. Le chercheur doit étudier comment ce qu’il a trouvé au travers de cette première phase d’étude s'applique pour chaque techniques et dans les tous les aspects des kata. A la fois pour valider ce qu'il a dégagé de la première phase et également pour faire émerger de nouveaux principes fondamentaux qui se retrouvent et s'expriment dans l'ensemble des dimensions du karaté.
Voilà le sens que revêt pour moi le terme de "chercheur" et c'est le fruit de ce travail que je présente dans le Mawashi-Do.

Le Do dans le Karaté:
Un des apports que présente le Mawashi-Do est "Mawashi-Kamae" ou la garde dynamique. Comment avez-vous découvert cette garde? Et pourquoi vous semble-t-elle si primordiale?

F.L.: C'est en étudiant les kata, et en particulier les pivots, que la garde dynamique m'est apparue comme l'élément indispensable à une technique efficace et réaliste.
Dans Heian Shodan, par exemple, il faut se retourner de 180° dans le premier pivot, pour enchaîner avec gedan-barai, mais vous n'êtes pas sensé savoir ce qui va suivre (quel adversaire va attaquer, sous quel angle, avec quelle technique…). Il faut donc à la fois comprendre l’utilisation particulière de ce pivot et trouver le moyen de le faire sans préparer une technique spécifique tout en pouvant réagir face à l’attaque finale. Sachant que l'essence même du kata est de préparer au combat en acquérant les bons automatismes et les bons principes...
Mes réflexions m'avaient amené à m'interroger sur le travail en ligne brisée que l'on apprend généralement lorsque l’on débute (par ligne brisée, j'entends que les gestes (techniques) enseignés utilisent plusieurs courbes successives séparées par des points d'arrêt (par exemple pour gedan-barai, on monte le poing au niveau de la joue où l’on exerce une force pour arrêter le poing puis une autre pour le relancer en sens inverse. Cela ralentit la technique et implique des pertes d’énergie inutiles). J’en avais conclu que pour aller plus vite il faut supprimer ces points d'arrêt ce qui débouche sur l’utilisation de courbes comme la base la mieux adaptée à toute technique.

A partir de là, la question qui se pose est « comment généraliser ce principe et également l’améliorer ». Je me suis alors rendu compte que, pour être encore plus rapide, bénéficier d’une « vitesse initiale » était la meilleure solution.
En analysant les divers pivots et les diverses manières de me retourner j’ai ressenti une coordination particulière qui a débouché sur ce que j’ai défini comme pouvant être une garde dynamique, Mawashi-Kamae.
Je précise que l’utilisation des courbes et de Mawashi-Kamae ne modifie pas les techniques enseignées par les maîtres. En effet, ceux-ci nous montrent comment se fait chaque technique de son point de départ à son point d'arrivée (ce qui ne change absolument pas en utilisant Mawashi-Kamae), mais ne donne pas d'indications particulières sur la manière d’amener le membre au point de départ d'une technique. Et c'est là qu'intervient Mawashi-Kamae.



Le Do dans le Karaté:
Avez-vous pratiqué avec des maîtres japonais?


F.L.: Non. J'ai pu en rencontrer occasionnellement mais je n'ai pas reçu d'enseignement au sein d'une école ou auprès d'un maître.

Le Do dans le Karaté:
Avez-vous pratiqué d'autres arts martiaux?

F.L.: Pas vraiment, j'ai suivi un cours d'Aïkido et fait un peu de Judo dans ma jeunesse. Ensuite je me suis passionné pour le Karate. Plus tard, j'ai eu l’occasion de voir ce que donnerait Mawashi-Kamae dans la grande forme en Taï-chi. Mais je n'ai pas pu continuer bien que le Taï-Chi soit particulièrement intéressant. Cependant on ne peut se passionner pour plusieurs arts martiaux simultanément. La vie m'a apporté le Mawashi-Do...

Le Do dans le Karaté:
Dans quelle mesure le Mawashi-Do peut-il aider un karatéka, quel que soit le style ou l'école à laquelle il appartient?

F.L.: Le Mawashi-Do a pour objectif d'expliquer des principes fondamentaux du karaté. Pour les faire comprendre et les maîtriser, il propose des outils pour maîtriser le travail du ventre, la respiration et atteindre un haut niveau de coordination. Il détaille également des principes pédagogiques. Il s'adresse autant à des professeurs, qui souhaitent les inclure dans leurs cours, qu'à des élèves. Tout pratiquant se retrouve à un moment donné confronté à un de ces principes de base. Par exemple, quel que soit votre style, la bonne maîtrise de la respiration est un point qu'il vous faudra aborder, de même pour le travail du ventre. D'une école à une autre, des techniques ou des principes se retrouvent; le Mawashi-Do propose une approche dynamique dans laquelle chaque technique ou principe peut s'intégrer.
Comme je le dis dans la page d'accueil de mon site : "Il ne s'agit pas d'un nouveau style, c'est plutôt le complément pédagogique permettant aussi bien au professeur qu'à l'élève d'organiser cours et entraînement en solitaire."
J'espère que chacun pourra y trouver de quoi s'entraîner, expérimenter et au bout s'épanouir dans la pratique du karaté.

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